Histoire de l'aérodrome de Dole-Tavaux
 4 Février 1945, la mort du Commandant Marin la Meslée

L'épave de l'avion du Commandant Marin la Meslée 

L'activité du camp de Tavaux s'intensifie en février 1945 
    Colmar sera enfin libérée le 2 février, les combats redoublent de violence en Alsace et l'activité aérienne au départ du Camp de Tavaux s'amplifie. Les condition météorologiques restent exécrables et désastreuses, augmentant crescendo la difficulté et la dangerosité des missions confiées quotidiennement aux Chasseurs bombardiers, les conditions de travail des mécaniciens au sol vont de mal en pis.. 
       Le 1er février, plusieurs avions du  Navarre rentrent à Tavaux endommagés par la Flak au retour d'une mission sur le Rhin , notamment les 44-20037 du CNE de Pins et 42-26884  du CNE Hirschauer. Le 2 ce sera celui du LTT Bertin, le 44-19673 atteint par la Flak lors de l'attaque du village Allemand de Hugelheim, puis encore deux autres touchés lors du bombardement d'un dépôt ferroviaire vers Offnadingen: CNE Fabry & LTT Dugard ( P-47 D-30 44-20382 ) .
       Accessoirement, les appareils des bases voisines viendront faire escale à Tavaux comme par exemple des appareils du Dauphiné et du Lafayette de Luxeuil qui devront se poser à Tavaux le 2 février au retour d'une mission sur la foret de la Hart, la piste de Luxeuil étant bloquée par l'atterrissage manqué d'un P-47 . Ils repartiront à 17h15, les P-47 des SLT Gouel et du SGC Perrier seront immobilisés jusqu'au lendemain faute d'avoir pu faire les pleins..
        La litanie des accidents se poursuit inlassablement, encore et encore, le 3 février 1945, sitôt après le décollage pour un vol de réglage sur le 42-26873 (codé E), le Capitaine Boitelet, nommé chef opérations du GC 1/4 Navarre depuis le 29 janvier est en panne de carburateur et atterrit en catastrophe dans un champ en bout de piste. le pilote sera indemne, l'avion qui porte un bidon ventral a pris feu et sera entièrement brûlé. 
 Dimanche 4 février 1945 - Mort du CDT Marin La Meslée & du SGC Uhry
       C'est du camp d'aviation de Tavaux que partiront le Commandant Marin la Meslée et le Sergent Chef Uhry pour leur dernière mission le 4 février 1945.  Edmond Marin la Meslée, l'As de l'Aviation aux vingt victoires aurait eu 33 ans le lendemain..      
   Edmond Marin la Meslée était né le 5 février 1912 à Valenciennes.
   Breveté pilote en 1931 et major de sa promotion à Avord, il entre à l'école de l'air en 1936 et intègre la 5ème Escadre de Chasse en 1937.
   Il prend le Commandement du GC 1/5 le 1er juin 1940 et remporte 20 victoires pendant la Campagne de France, il sera cité 10 fois à l'ordre de l'Armée.
    Il rejoint l'AFN à l'armistice et effectuera des missions de Costal Command après le débarquement allié sur Bell  P-39. 
     Reprenant le Commandement du GC 1/5 Champagne des Forces Aériennes Françaises en janvier 1944 , il participe à la Campagne d'Italie et à la reconquête du territoire national sur Thunderbolt P-47.
     Il sera abattu par la Flak Allemande et trouvera la mort dans le P47 D-30 RE 44-20384 près de Rustenhart - Dessenheim le 4 février 1945.
     Il avait effectué 232 missions de Guerre en 334h20 de vol.
   Pierre Uhry était né le 17 octobre 1919 à Bischwiller dans le Bas-Rhin.
   Incorporé à Bron en mars 1939, breveté à Ambérieu le 3/7/1939, passé par Etampes & Agen, il rejoint Evreux (EAP n°17) et servira comme sergent instructeur à Etampes. 
   Libéré du service actif en 1941 à Toulouse-Francazal, il est réengagé en 1942 et choisit les tirailleurs, il obtiendra une croix de guerre pour des combats en Tunisie au sein du 7ème R.T.A. 
   Affecté au dépôt d’aviation de Blida début 1943, il est réintégré au printemps dans le personnel navigant et rallie Rayak ( Syrie) le 23 mai.
    Enregistré à la 3ème Cie de l’école de pilotage de la base de Rayak le 8 juillet sous le numéro 40.937,  il rejoint la cohorte de pilotes ‘gaullistes’ en attente en cet été 1943, nommé sergent, il est affecté aux forces aériennes en AFN au 10/11/1943. 
   Sergent Chef le 1/9/1944, il est affecté le 25/9/44 au Groupe de Chasse 1/5 « Champagne » alors basé au Vallon. Il exécutera des missions de guerre sur le front d'Italie pour l’appui des troupes terrestres puis lors du nettoyage de la poche de Colmar.  

Mort pour la France

      Extrait de l'article de Bertrand Hugot dans la "Gazette de l'Amicale des FAFL.
   Mission AO 82 :
     Les ordres étaient parvenus dans la nuit dans la nuit, le 4 février vers 8h50, la formation du GC 1/5 "Champagne"organisée en trois patrouilles décolle du camp de Tavaux sous les ordres du Commandant Marin la Meslée, commandant le groupe. Les onze chasseurs bombardiers P-47 portaient chacun 2 bombes de 500 livres, sept portaient des bombes explosives et quatre des bombes incendiaires.
     L'objectif initial est le village allemand de Hugelheim au nord est du célèbre pont de Chalampé, la mission sera modifiée par le PC Aérien  Remedy au profit de l'objectif secondaire : attaque d'une des "portières" située à 5 km de Neuf-Brisach. Les portières étaient des bacs constituant des points de passage sur le rhin.
     Malgré de très mauvaises conditions météo et une Flak omniprésente, les cibles seront parfaitement traités d'est en ouest sans pertes. 
      L'objectif suivant indiqué par radio au commandant de groupe, indicatif Marina est le mitraillage de routes à l'ouest du Rhin entre Neuf-Brisach et Ensisheim.
      Le Commandant Marin la Meslée effectue une première passe de tir sur une colonne de camions allemands sur la route D. 13 qui relie Balgau à Dessenheim, de nombreux véhicules sont atteints et explosent. 
      C'est au cours de cette première attaque que son équipier gauche le Sergent Chef Uhry sera touché de flein fouet, et ira s'écraser à côté de la ferme de Schaeferhof sur la commune de Fessenheim (Haut-Rhin) à bord du P-47 n° 44-19702.
       La couche nuageuse gênait la visibilité, Marin la Meslée ne pouvant vérifier l'efficacité du straffing choisit de virer pour effectuer un second passage sur le convoi de véhicules, son  l'appareil sera atteint par la Flak allemande à l'arrière du fuselage,  et il sera mortellement touché à la base du crane par des éclats d'obus de 20 mm. 
       Le P-47 44-20384 se crashera entre Rustenhart et Dessenheim dans un champ de seigle, à 2 km seulement de celui du  SGC Uhry, il glissera sur le sol, et après avoir accroché une aile, se morcellera et perdra son moteur vivement projeté en avant. 
        L'avion n'avait pas pris feu, le corps sans vie du Commandant Edmond Marin la Meslée encore attaché à son siège avait été épargné, il sera relevé par les allemands et confié à l'abbé Weber pour inhumation à Rustenhart.
        Le SLT Muselli ramènera la formation du GC 1/5 réduite à neuf appareils à Tavaux.
        Le Groupe GC 1/5 apprendra  la découverte des corps du CDT Marin la Meslée et du SGC Uhry le 10 février, les obsèques auront lieu le 12 à Rustenhart. Une cérémonie solennelle aura lieu dans la basilique de Dole.
      Le 29 juin 1946, on inaugurera un imposant monument érigé à l'initiative de ses compagnons d'armes à l'endroit même du crash de son appareil, son corps y sera inhumé en 1950.

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     La mort du Commandant du GC 1/5 Champagne avait sérieusement miné le moral des hommes du groupe.
     A celle-ci, venait encore s'ajouter la mort du Sergent Chef Uhry, le Champagne avait perdu deux pilotes d'exception. Le SGC Uhry repose aujourd'hui à la nécropole nationale de Sigolsheim au coté de 1589 autres soldats morts pour la libération de l'Alsace.
    Le vétéran de la Campagne de France de 1940 était aussi et surtout un homme de cœur pour qui l'amitié n'était pas un vain mot.
   Marin était un homme particulièrement aimé et apprécié de tous, une infinie tristesse dépassera le cercle de ses camarades de combat pour s'étendre à toute la communauté .
    Le combat continuait envers et contre tout, contre le général hiver, mais aussi contre cette satanée DCA chaque jour, plus de 50 sorties de Chasseurs bombardiers des groupes Navarre et Champagne avaient lieu en direction de l'Alsace et de l'Allemagne.
 Dimanche 4 février 1945 - Drame et misères au Navarre
     Ce même jour maudit du 4 février, comme s'il n'en suffisait pas, l'escadrille spa 153 du GC 1/4 Navarre écopera également de sa part de malchance et de peine : 
   le Sergent Lecea trouvera la mort  lors d'une mission sur Bremgarten, atteint par la Flak, il s'écrase au sud est de Neuf-Brisach avec son P-47 (444-20665)..
   Trois autres P-47 du  GC 1/4, tous de la spa 153 seront atteints par la Flak Allemande dans le même secteur  que les précédents et rentreront à Tavaux très endommagés:
 - Le P-47 du SGT Edmond Gille, criblé avec un énorme trou dans le fuselage au bord de l'emplanture de la queue.
-  Le P-47 D 30 44-20357 du SGT Jean Barberis, criblé avec un bout d'aile en moins.
- Le P-47D 28 42-20055 du CNE Hubert Boitelet qui ne rentrera qu' avec difficulté, criblé avec un cylindre coupé par un obus de 20mm et un énorme trou de 80 cm dans la queue au niveau du turbo causé par un 37mm.
Samedi 10 février, nouveau drame au GC 1/5 Champagne.
          Il ne faudra guère attendre pour qu'un nouveau drame frappe le Champagne:
         Le 10 février 1945, le Lieutenant Michel Welvert du GC 1/5 trouvait la mort dans l'accident de son P-47. Après avoir décollé de Tavaux vers 15h30 pour un vol de liaison, il percutait le sol vers 16h00 entre Neurey-les-la Demie et Vallerois-Lorioz en Haute Saône . D'après des témoins, il faisait beau temps, le pilote aurait effectué des essais et des acrobaties, l'avion se serait mis en vrille lors d'un piqué et le pilote ne pu redresser, éjecté à une trentaine de mètres de l'avion, il sera tué sur le coup.
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     Évadé de France par l'Espagne, il avait effectué 25 missions au Coastal Command et dix missions de bombardement et reconnaissance armée sur l'Italie et sur l'Allemagne, le 16 décembre 1944 il avait mené à bien sa mission malgré un avion sévèrement endommagé par la Flak .
    Il sera  fait Chevalier de l'Ordre de la Légion d'honneur à titre posthume le 2 Juin 1945 et repose à la nécropole militaire de Sigolsheim.
Monument situé à un kilomètre de Neurey-les-la demie  à gauche sur la route Neurey/ wallerois-rioz
   Le 12 février 1945, le CNE Porodo du GC 2/3 Dauphiné viens reconnaître le Camp de Tavaux pour une éventuelle installation de son Groupe.
       Dans les treize premiers jours de février jusqu'à l'arrivée du GC 3/3 Ardennes, le Navarre et le Champagne effectueront au minimum 29 missions de guerre pour 276 sorties, 4 pilotes seront tués, 12 avions seront endommagé ou détruits.
      Sur cette page figure les évènements principaux pour la période du 1 au 12 février, un bilan plus complet pour les missions est disponible sur une page annexe >>>>>
Activité aérienne détaillée
Tavaux - Février 1945 (clic)
Retour: Janvier 1945, l'activité aérienne française

Index  Tavaux

Suite : Le GC 3/3 à Tavaux

BIBLIOGRAPHIE CONSEILLÉE

   La dernière Mission du commandant Marin la Meslée

et du sergent-chef Uhry
Paul Aubert
Références:
64 pages, format à l’italienne 22 x 20 cm, couverture souple.  21 €
Jérôme Do Bentzinger Éditeur       ISBN 2 84960 034 2
LIEN : Recension sur l'Aérobibliothèque