Le bombardement du 14 Mai 1940

        Le bombardement du 10 mai n'avait pas eu les effets escomptés par la Luftwaffe, une nouvelle mission devra avoir lieu .
        Le 14 mai 1940, une dizaine de bombardiers bimoteurs Junkers 88 du I/KG 51 "Edelweiss" décolleront de  Lechfeld vers 9h00,  heure allemande . Ils passeront la frontière à la verticale de Colmar à une altitude d'environ 4000 mètres. 

       Vers 11h30, ils largueront une quarantaine de bombes sur les ateliers et les hangars situés à l'est de la route nationale 468, détruisant au moins seize appareils, dont une majorité de Potez 63 et 63.11 en réception, maintenance ou attente de transit .

   Ce sera surtout l'immense hangar compensé "Dubois"  qui sera atteint, frappé en plein milieu et complètement détruit .
    Le gigantesque hangar dijonnais représentait une emprise de 240 x 40 mètres offrant une surface couverte de près d'un hectare (9.600 m²).  Constitué en fait de deux parties accolées de 120 mètres, il avait été construit vraisemblablement entre 1921 et 1923 ( Société Dubois, architecte Blot et Ingénieur Leleu) .
     L'ingéniosité du concept lui permettait d'être ouvert coté piste sur pratiquement toute sa longueur :
      A cet effet, deux rangées de six pylônes assortis chacun de huit tirants de câbles supportaient les poutres principales sur lesquelles la toiture était fixée par cinquante quatre fermes métalliques et effectuaient le report de charge de la toiture vers l'arrière .
       Les appareils qui s'y trouvaient étaient pour l'essentiel stockés à Dijon au titre du Parc 15/102.

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          Dans un télégramme pour information à brûle pourpoint, les autorités françaises reconnaissent ab minima les pertes suivantes :

5 Bimoteurs Potez 63 : 
       Un chiffre qui semble bien devoir se confirmer par l'examen des photographies dans les ruines du hangar..
       Trois numéros de série sont connus :   

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       - n° 566 destiné au GAO I/508 de Romilly, stocké au titre du Parc 15/102.
       - n° 594
       - n° 601  ( épave observée sur ses roues au Nord-est de la base donc pas forcément située dans le hangar Dubois )  
        Ces appareils devaient vraisemblablement se trouver à Dijon dans l'attente de transfert, réparation ou de réforme, en effet la base abritait le Parc 15/102 et  l'annexe de l'EAA301 dont le transfert à Cognac avait été ajourné .
2 Chasseurs Morane Saulnier 406 : 
Note : d'autres MS 406 en panne seront abandonnés lors de la retraite, sous hangars et sur la piste .
1 Bloch 200 : 
      Il s'agit du Bloch N° 193 abondamment photographié par les Allemands après l'occupation de la base.
4 Chasseurs Dewoitine 500 : 
      On distingue bien des pièces de ces avions, dans la partie la plus détruite du hangar .
4 Avions estafettes ou de servitudes : 
      Effectivement au moins un Potez 25 très abîmé, un Caudron Phalène et vraisemblablement d'autres appareils dans la partie la plus effondrée du Hangar.
La riposte du GC III/6
       Une telle attaque ne restera pas impunie.
       Une patrouille en alerte du Groupe de Chasse GC III/6 composée de volontaires Polonais se trouvait en couverture du terrain d'aviation de Chissey-sur-Loue . 
       Un problème technique obligera le Sous-lieutenant Kawnick à se poser pour changer d'appareil, peu après son re-décollage vers 11 H15, il est alerté par un tir nourri de DCA au dessus de la base de Dijon.

   En chemin, il croise un groupe de onze Junker 88 du premier groupe I/KG 51 volant cap Nord-est à 4500 mètres d'Altitude.
   Il décide de les attaquer en solo, avant de s'en prendre à un groupe de neuf Heinkel 111 de la troisième escadrille 3./KG 51 qui les suivaient . 
  Un Junker 88 A1 (9K+EL), le Wk 4008 du 3./KG 51 est abattu et tombe à Preigney en Haute Saône à 12 H 30.
  Un membre de l'équipage allemand, Hans Seidel, interrogé par les gendarmes de Jussey confirmera l'attaque courageuse par un avion français isolé .
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Émile Adrien Boymond, défendre Dijon jusqu'au sacrifice.
     Fusse t'il créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, aucun homme ne pourra rien offrir de plus que le sacrifice de sa vie.

       La patrouille légère à deux appareils du Sous-lieutenant Marcel Steunou et du Sergent-chef Émile Boymond dans des circonstances comparables aura bien moins de chance, ils croiseront une formation de 9 bombardiers Heinkel 111 (3 kettels ) en approche de Dijon.
        Le Sous-lieutenant Steunou en panne moteur, peut être atteint par les mitrailleuses des avions Allemands sera contraint de retourner au terrain. 
        A 11H45, le Sergent-chef Boymond indique par radio qu'il décide d'attaquer seul contre tous les bombardiers allemands qui se dirigent vers Longvic : "J'y vais". 
        Il indique ensuite avoir atteint un He 111, le pensant descendu et réclame du renfort, le CDT Chainat, Commandant le GC III/6 ne dispose plus d'appareils suffisamment à portée à lui envoyer et lui intime de rentrer, Emile Boymond acquiesce mais souhaite refaire une passe d'attaque, celle-ci sera sans succès puisqu'il découvre amer avoir épuisé ses munitions.
         Se refusant à cesser le combat et à laisser faire, il indique alors qu'il va tenter de "s'en payer encore un "en lui "bouffant le Cul ", la manœuvre courageuse et osée consiste à passer hors du champ des mitrailleuses défensives pour attaquer la dérive de l'avion ennemi avec son hélice.  
     Ce sera son dernier message, son corps carbonisé dans la carcasse de son avion ne sera retrouvé en forêt de Prange vers Prenois que le 16 Mai, l'identification ne se fera que sur la base d'un fragment de son livret militaire retrouvé sur le lieu du crash du MS 406 (n°684) .
    Bien que des témoins virent une partie du combat, puis l'avion tomber, on ne saura jamais s'il fût abattu par un avion allemand, ou bien malencontreusement atteint par la DCA Française dont le tir était très soutenu au moment de l'attaque des bombardiers, le ciel était empli de la fumée des explosions .
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    Quelques mois après le drame, alors même que la région se trouve sous l'occupation Allemande, une stèle à la mémoire de l'aviateur sera érigée en plein bois par son frère . 

   La municipalité de Prenois n'a jamais cessé depuis de l'entretenir, tous les 8 mai les gens du village viennent s'y recueillir... 

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       D'autres appareils du 3./KG 51 seront à leur tour pris à parti par d'autres avions du GC III/6 venus à la rescousse, un au moins sera détruit et explosera en vol, un autre ira s'écraser en Allemagne .
       Lors de son re-décollage, le Sous-lieutenant Steunou ne trouvant pas, et pour cause son coéquipier tentera de poursuivre les avions allemands qui s'éloignaient sans toutefois y parvenir...
      Entre temps la DCA de Longvic se trouve réactivée par un Heinkel 111 de reconnaissance du Aufkl.Schw III/KG 51 venu prendre des photographies afin de vérifier le travail, et qui prit la fuite par l'Est une fois les clichés effectués. 
     Une patrouille triple du GC III/6 croisant toujours dans le secteur est alertée par la DCA, le  Sous-lieutenant se joindra à eux pour poursuivre le Heinkel 111 de reconnaissance qui sera abattu promptement à 12H30.

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     Un moteur en feu, un train endommagé, il heurtera la cime des arbres avant de s'aplatir à Fougerolles en Haute Saône.
     Il y aura un mort et trois blessés, l'équipage sera interrogé par la gendarmerie .
     L'appareil Allemand disposait d'un appareil photographique monté à droite, au lieu et place d'un des deux lance-bombes habituel .

     On retrouvera dans cet appareil la photographie du bombardement de Dijon publiée plus haut .

     Victoire confirmée : Lieutenant Le Gloan, Sergent Trinel, Sgt de Gervillers, S-Lt Steunou

     Le Heinkel 111 au marquage 9K+DD sera relevé le 17 Mai 1940 par le dépôt d'Orléans Bricy (SHAA 2D 132)

La retraite et l' abandon de la base.
      Le premier Juin 1940, l'état Major du Groupement N°6 s'installe à Dijon-Longvic et se trouve rattaché à la troisième division aérienne Z.O.A.E du Général Valin.
      Les groupes de bombardement GB I/12, GB II/12 et GB I/31 sur Léo 451 s'installent à Touillon les Montbard, tandis que le II/31 prends position à Til-Chatel .
       Le 3 Juin 1940 le II/12 quitte Touillon pour Dole-Tavaux et le I/31 pour Champforgeuil .
       L'après midi du 12 juin le I/12 quitte Montbard pour Chalons sur Saône et le lendemain le GB II/31 rejoint le II/12 à Dole Tavaux. 
       Du 13 au 16 juin arrive le GC II/5 qui se replie, équipé de Curtiss H.75. 
    Quotidiennement un avion de reconnaissance venait  faire une visite de routine pour photographier les ruines et vérifier le caractère inoffensif de la base, des fois qu'il faille en rajouter...
       Le matin du 13 juin il trouvera sur sa route les Curtiss du GC II/5 qui l'envoyèrent s'écraser dans une forêt de la Haute Marne .      
       Les 14 et 15 juin arrivent les MS 406 du GC I/2 également en repli.  

      L'avance inexorable et rapide des troupes allemandes obligera les Groupes de chasse à repartir aussitôt au fur et à mesure de leur arrivée, et dès le 15 juin 1940 au soir pour des régions moins exposées du midi de la France . 

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