Le Terrain d'Aviation de Chissey-sur-loue

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     Un embryon d'aérodrome civil  existait à la sortie de Chissey depuis 1924, dès 1931  l'armée envisagea de s'y installer, et  ce sera chose faite en 1936 .
     Le camp d'aviation de Chissey-sur-loue aura une durée de vie et une histoire militaire éphémère, il ne sera utilisé que jusqu'à l'armistice. 
      C'était malgré tout un bon outil de travail bien rôdé qui eût un rôle prépondérant dans la région durant la campagne de france.
      Tour à tour base du Bombardement et de la Chasse Française dans le bas Jura, ses avions poursuivirent les appareils allemands jusqu'en Côte d'or et Haute Saône avec un certain succès...
    Le terrain d'aviation de 75 hectares était situé à l'est de Chissey-sur-loue à guère plus de 200 mètres de la rivière la loue, il longeait la route entre Chissey et Arc-et-Senans .
     Sur une zone vaste et nue d'un kilomètre de coté absolument dépourvue de tout obstacle naturel, obligeant à la dispersion des avions, l'infrastructure somme toute assez sommaire sera toutefois fort prisée des aviateurs.
    Cette organisation reposait sur la Compagnie de l'Air 23/102 du Capitaine Monteillet. Installée depuis le 28 aôut 1939 et comptant environ 120 hommes, elle réalisa avec dextérité et efficacité tous les aménagements nécessaires au bon déroulement des missions, aidée en cela par les aviateurs issus des échelons au sol, et parfois même par les pilotes des unités qui s'y succèderont.

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     La vaste plaine sera équipée d'abris de services  particulièrement bien adaptés tant au niveau du camouflage que du confort (abris pour le personnel naviguant et le commandement, armurerie, ateliers et magasins).

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    Au centre même de Chissey, la salle communale abritait divers services d'intendance du camp, deux baraques de type Adrian hébergeaient des soldats chargés de la sécurité du camp et de la DCA . Des témoignages situent au moins un emplacement de DCA à l'est du camp ...        
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Photographies extraites de l'Album de Robert Rohr, Mécanicien au GC 3/6

            La piste d'envol constituée de grilles métalliques serpentait entre les abris d'avions grillagés et bien espacés, une piste goudronnée sinueuse ceinturait le terrain assurant la desserte des installations . 
          Les alvéoles de protection étaient réparties en lisière du bois le long de la Loue, et les trois soutes à essence de 180 hectolitres chacune  situées Sud Est, Nord est et Nord Ouest du terrain. Des tonnes à carburant étaient également mises à disposition selon un schéma bien précis.
           On note deux dépôts de munitions, un dans la plaine en face le camp, desservi par le chemin vicinal N°3 et un autre vers la forêt de Chaux .

    Le camouflage des installations sera particulièrement étudié et soigné, il fera l'objet d'un suivi constant .  
    La nécessaire dispersion des abris au chemin soigneusement grillagé ne nuisait nullement à la rapidité de la mise en oeuvre des avions, tant l'organisation était précise et soignée  !
    L'état major et un certain nombre de pilotes étaient hébergés dans le cadre grandiose et somptueux des Salines Royales d'Arc et Senans, d'autres pilotes logeaient chez l'habitant à Arc et Senans et Santans.
          Alentour, sur Arbois on notera la présence du 406ème R.A-DCA et de Chars Renault FT 17, et d'un terrain d'aviation de 34 Hectares situé au lieu dit " l'Ethole", abritant la compagnie de l'air 32/102 section R16 .
          On trouve également une compagnie de l'Armée de l'Air en charge de l'infrastructure des terrains des transports de matériaux et de la récupération des épaves .           
          Il existait plusieurs terrains de desserte et secours, de moindre importance, dont un sur Ounans qui servait de "faux terrain".
          En avril 1940, il existait  un terrain entre Ounans et Mont-sous-Vaudrey (entre la RD 472 et la Forêt), un autre en mai entre Ounans et Chamblay, également entre la route et la forêt, il sera utilisé de façon anecdotique quelques D.520. 
Missions du terrain de Chissey
               Défense aérienne de la région de Dijon, dans un secteur compris entre la suisse, la ligne Montbard-Langres et la ligne Gray-Montbard-Pont-de-Roide.
               Soutien du GC II/7 dans sa mission d'accompagnement des Potez 63 Du GR I/55 de la VI° Armée et des avions de reconnaissance de la VIII° armée
Qu'en reste il de nos jours ...

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          Aujourd'hui il ne reste quasiment rien des structures construites par l'armée de l'air, à peine un abri perdu et dégagé récemment d'un enchevêtrement de ronces, un ou deux tout petits segments de pistes bétonnée à l'emplacement de soutes à carburant. L'essentiel des installations et des pistes fut détruit et remis en culture pendant la guerre dans des conditions expressément définies par l'occupant Allemand.  Après guerre, les terrains seront légalement revendus à leurs anciens propriétaires.

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 Segments de piste bétonnée aux abords de l'emplacement d'une soute à essence en bordure de route.

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Abri destiné au personnel à dalle de 2m50, entre 2005 et 2007.

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Vues des deux entrées de l'abri

Vues de l'intérieur en 2005 & 2007.

27-28 Août 1939, arrivée du GB II/32
Bloc200.JPG (32847 octets)    Les 27 & 28 Août 1939  le Groupe de Bombardement GB II/32 du Colonel Bernard Dupérier arrive de Châteauroux avec 11 BLOCH 200 (obsolètes, charge utile 1000 Kg à 220 Km/h), 
   Le Groupe de bombardement sera supporté par la compagnie de l'Air 23/102 qui arrivera également le 28 Août 1939
   Pour la petite histoire il a fallu composer et étêter certains peupliers pour leur permettre d'atterrir, ils repartiront à Tavaux le 15 Novembre 1939, le terrain de Chissey se prêtant par ailleurs assez mal aux décollages des Bloch 200 à pleine charge (terrain lourd) . 

Chissey sur Loue deviens la Base aérienne 42.E.4.          

  Mars 1940 verra l'installation de tentes à proximité de la piste (vers le 12) et de baraques bois type HPF (vers le 23 ) enterrées et camouflées à l'angle Sud Est du terrain, en bordure du bras mort de la Loue.  Un poste de Commandement sera réalisé
Le GC I/6 à Chissey
   Un groupe de chasse est déjà opérationnel en franche Comté, le GC II/7 du commandant Durieux de Luxeuil-Saint Sauveur avec ses 24 Morane Saulnier 406 (24 sur 35 disponibles) et quatre Dewoitine 520 . Il sera renforcé par le GC I/6 à Chissey-Sur-Loue qui viendra de Marignane à partir du 8 mars 1940, son échelon roulant suivant quelques jours plus tard .
   le 11 Mars 1940 au retour d'une mission de reconnaissance, le Capitaine Svatopluk Janouk victime d'une panne son Morane Saulnier 406 devra l'évacuer et sauter en parachute . L'avion tombera en flammes sur le terrain de Chissey .
   Le 7 Avril, une patrouille qui escortait un Potez 63 abat un Ju 52 vers Luxeuil .
   Le 11 Avril le GC I/6 composé principalement de pilotes tchèques quitte Chissey pour Berck sur Mer .
   Le 24 avril revenu de Berck pour convoyer un Ms 406 en panne resté en réparation, le Sergent Bernard Bertrand du GC I/6, jeune pilote âgé de 23 ans et natif de l'Aube trouvera la mort suite à un problème mécanique au décollage de Chissey .
Le GC III/6 à Chissey
    C'est l'agitation sensible et la menace d'une attaque italienne qui motive l'installation du GC III/6 le 30 Avril 1940, venant prendre la relève du GC I/6 à Chissey-Sur-Loue, mais faute d'avions italiens c'est la Luftwaffe qui va recevoir !
    Les deux groupes de chasse de franche comté seront rattachés au Groupement de Chasse 24, le GC II/7 étant plutôt chargé de la surveillance de la trouée de Belfort et des zones frontalières proches .
    C'est le GC III/6 qui écrira les lettres de noblesses de l'aérodrome de Chissey, ce groupe de chasse énergique et fougueux avait la particularité d'accueillir quelques pilotes polonais, lesquels étaient connus pour leur mordant ...
   Le Groupe du Commandant Castagnier comptait 30 Morane saulnier 406 disponibles sur 35 théoriques, répartis en 2 escadrilles :
- la 5° escadrille  du Lieutenant Jacobi.
- la 6° escadrille  du Lieutenant Guerrier.
    Du 30 avril au 7 mai les vols ne concernent guère que des patrouilles de routine et des missions d'accompagnement d'avions de reconnaissance .. 
  Viennent les mise en Alerte des 7 et Mai 1940, ou l'on craint un peu partout des parachutages de troupes allemandes...
   Les choses se précipitent le 10 Mai à l'occasion du bombardement massif de tous les terrains d'aviation français, de nombreux bombardiers allemands survolent toute la région et les interceptions se succèdent:
10 Mai 1940 :

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   les pilotes Boymond et Gauthier prennent à partie  un Dornier 17 à la verticale de Dole, il prend feu et s'écrase dans les bois près de Port-Lesney (Jura) au lieu dit "La Roche". Le corps de l'un des aviateurs allemand décédé ne fut retrouvé qu'en mars 1941, enchevêtré dans les hautes branches d'un arbre, les deux autre aviateurs rescapés faits prisonniers seront conduits à la caserne Brack à Dole.....
  l'Adjudant Goujon et le sergent Hardouin abattent un bombardier Heinkel 111 au dessus de la forêt d'Arbois (Jura). Malheureusement ils durent abandonner leur appareil et sauter en parachute, le Sergent Hardouin évitant de justesse des tirs de troupes au sol, le prenant pour un para allemand .
11 Mai 1940 :
    l'adjudant Goujon à repris l'air, et avec les lieutenant Martin et Collonges abat un autre Heinkel 111 à Etuz en Haute Saône, l'interception ne se fera pas sans encombre puisque les Lieutenant Martin et Collonges devront évacuer leur avion en flammes et l'Adjudant Goujon devra se poser en catastrophe moteur HS dans un pré près de Broye-Les-Pesmes .
    Sept appareils du GC III/6 abattent un Bombardier Heinkel 111 à Pirey près de Besançon.
14 Mai 1940 :  
   le pilote polonais Kawnick abat un Bombardier Heinkel 111 à Preigney près de Jussey en Haute Saône.
CRASH111du3.6.JPG (34115 octets)  Le 14 Mai, quatre appareils du Groupement de chasse III/6 abattent un Heinkel 111 à Fougerolles en Haute Saône. 

            il se dit que les pilotes allemands rescapés se seraient vantés auprès des aviateurs du GC III/6 qu'ils seraient libères avant un mois par l'armée allemande ...

 

     le sergent Boymond sera abattu au beau milieu d'un combat aérien au dessus de la base de Longvic, vraisemblablement touché par la DCA française, il s'écrasera à Prenois .
20 Mai 1940 : 
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      L'ordre du départ  sera donné vers 10H00, les Ms 406 décolleront en tout début d'après midi, peu avant l'échelon au sol et les mécaniciens qui seront convoyés vers Coulommiers au moyen de deux Bloch 200 d'Air France .
    Le Groupe de chasse quittera Chissey pour coulommiers le 20 Mai 1940, en totalisant près de 10 avions allemands abattus..
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