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CRAVANT, L' USINE
SOUTERRAINE |
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Focke Wulf 190 et NC 900 |
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l'usine suscita
bien évidement l'intérêt des troupes allemandes qui
l'investissant s'empressèrent dès leur arrivée de récupérer
tout ce qui pouvait l'être d'outillages et de matériaux ...
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1943 L'INSTALLATION DE L'USINE
ALLEMANDE AGO A CRAVANT |
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Dès le début de l'occupation de notre territoire, les Allemands installèrent des ateliers de réparation pour leurs avions sur
le plateau de
Villacoublay
en région parisienne, vraisemblablement dans les anciens
hangars
Breguet, mais également à
Massy-Palaiseau
et
Bièvres
.
Les registres retrouvés
par les alliés du 2°
Tactical Air Force à
Cravant indiquent que la réparation de Fw 190 débute dès 1942 en région
parisienne.
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Mais, courant 1943 la violence des
bombardements alliés oblige la Luftwaffe à transférer l'activité et à
déménager les ateliers dans un site mieux protégé, elle confie
à l'Organisation Todt l'aménagement des Carrières de la Palotte
et la construction de l'usine souterraine, sous la direction de
AGO
FLUGZEUGWERKE, firme allemande elle même fabriquant de
Focke Wulf
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En 1944, cette pratique
de mise en sécurité des ateliers sera étendue
à d'autres installations du même ordre et inscrite dans une opération
appelée
Libelle. .
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Ce
sera le :
Sonderreparaturbetrieb
G.L & Elbag Lager 918 Auxerre .
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appelé également
Frontrepareturbetrieb 918 .
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Les investigations des services alliés indiquent que l'usine mise en
chantier fin 1943 sera opérationnelle dès le 6 février 1944, ils y
retrouveront à la libération les registres de réparations commencés à
Villacoublay .
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Ce sera plus de 160 avions qui seront réparés dans
les carrières souterraines de Cravant : |
On sait qu'y seront
réparés des chasseurs bombardiers FOCKE WULF 190 de tous les
types et de toutes les origines, ce sera la principale
usine de réparation en France, l'usine de réparation pour les Bf 109 se
trouvant en Belgique . |
Des témoins, notamment
à Vincelles ( a proximité de Cravant) se souviennent
d'avoir vu des wagons plats transportant des avions : 2,3,4 a chaque train
mais rarement plus. |
Ils étaient déchargés des wagons et rechargés sur
des camions jusqu'aux grottes. |
Il ne semble pas y avoir de photographies
des transbordements, elles auraient immanquablement conduit leurs auteurs
en prison ou pire encore, il pourrait s'en trouver dans les albums
d'anciens combattants Allemands ... |
Les avions destinés à être
réparés ou à servir de réservoirs de pièces détachées, étaient
également acheminés par péniche "au port" à
Vincelles, les carcasses étaient déchargées d'une grue vers un gros
camion à remorque basse, le quartier du canal était très animé ces
jours, autour des avions s'affairaient une bonne trentaine de
personnes, des ouvriers français et étrangers, des allemands et
deux ou trois ingénieurs civils .
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Les témoins se souviennent des différentes
couleurs de camouflages des appareils : vert, noir, marron, bleu, kaki
et même blanc, certains morceaux d'avions ne mesuraient qu'à
peine plus de deux mètres . |
Les gamins raffolaient de cette animation et les
adultes riaient sous cape de voir les appareils parfois en piteux états .
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pendant un temps, il arrivait deux ou trois péniches par mois ...
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Les Allemands
construiront une véritable usine souterraine, bétonneront les entrées,
ils installeront l'électricité, des systèmes d'aération ainsi qu'un
chemin de fer à voie étroite genre "Decauville".
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Le morceau de piste d'envol français
ébauché par
LIORE & OLIVIER
sera agrandi et une véritable
piste de 1200 mètres de long et 40 mètres de large sera construite .
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Coté entrée A |
Coté
entrée C |
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Ils construiront deux blockhaus de
chaque coté des entrées latérales, on parle d'un canon de 37 certainement
antichar protégeant une des entrées . |
l'entrée principale devra être agrandie pour
faciliter le passage des appareils terminés . |
Des témoignages indiquent qu'ils
gardaient en permanence un ou plusieurs bulldozers à l'intérieur
à proximité de l'entrée, pour permettre de la dégager en cas
d'obstruction par un éboulement ou à la suite d'un éventuelle attaque
aérienne .
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Différents dispositifs seront étudiés
pour acheminer les avions finis jusqu'à la plaine en contrebas, on parle
d'un transbordeur, genre de téléphérique qui se serait un jour
écroulé avec un avion suspendu à son câble, s' il se dit que
l'important puit à l'intérieur de la grotte aurait été creusé pour
réaliser un monte charge destiné à la sortie des appareils, on sait
aujourd'hui qu'il ne fût construit qu'après la guerre . |
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Les allemands employèrent à
Cravant des personnels de toutes origines, on a parlé d'ouvrières russes
qui seront hébergées dans des conditions assez précaires, dans un camp
de toile, ancien hôpital militaire de la première guerre mondiale, réutilisé comme Frontstalag .
Il existe differentes cartes postales d'époque sounvent
montrées pour évoquer ce camp .
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S'il subsistait bien ci
et là une ou deux de ces tentes Adrian, c'est bien dans un ancien
camp d'internement en dur à Bazarnes qu' étaient hebergés les
prisonniers employés par Ago . |
Des prisonniers de
guerre, des ouvriers espagnols et polonais travaillèrent à l'usine, mais également nombre de gens de
la région, qui y auraient été plutôt bien traités.
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On note la
présence d'ouvriers venant d'autres succursales de "AGO" (Aktiengesellshaft
Otto), cette
société étant connue pour avoir fabriqué nombres d'avions Focke Wulf ... |
En 1944, les Officiers du
renseignement britannique se plaignaient de la difficulté d'obtenir des
témoignages concernant l'activité à Cravant, c'est encore bien plus difficile aujourd'hui...
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Quoi qu'il en soit,
la résistance à l'occupant était particulièrement importante dans l' Yonne
et il se dit que les Sabotages auraient été
assez nombreux, ce qui semble devoir expliquer pour bonne
partie les très nombreux
déboires qui conduiront à l'abandon du programme NC
900 de l'après libération. |
Toutefois ces sabotages semblant concerner essentiellement les moteurs
BMW
801 pourraient avoir été commis pour l'essentiel ailleurs qu'a Cravant |
Dans les jours précédant
leur fuite, vers le 18 Août 1944, les allemands tenteront de
détruire l'usine et tout ce
qui pourra l'être, ils mettront le feu et tenteront de dynamiter la grotte, il est dit
que le feu s'éteint par manque d'oxygène. |
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L'occupant laissera sur place un
grand nombre de carcasses d'avions, un peu plus de 120 fuselages et près
de 150 voilures, la carrière souterraine prenant alors une apparence
apocalyptique regorgeant de pièces d'avions éparses. |
Il n'en reste absolument plus rien de nos jours, les utilisateurs
successifs, récupérateurs de métaux et chercheurs de trésors ont
faits table rase, les pièces présentées sur Histavia 21 ont été récupérées
dans les années de l'immédiat après guerre par des militaires
français.
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