Hommage à Emil Moravek


 
Translation :
 Barry Cuttell

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  Le sergent-chef Emil Moravek du GC I/5 Champagne est mort pour la France aux commandes de son Curtiss H-75 le 15 Juin 1940 à Heuilley-Le-Grand dans le Département de la Haute Marne .

 

    Il ne reçut que tout récemment, le 20 Octobre 2007 les honneurs qui lui sont dus au cours d'une Cérémonie officielle à Heuilley-Le-Grand en présence des Autorités civiles et militaires.

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   Cet évènement est le fruit de la détermination et l'engagement personnel de Monsieur Serge Forgeot, Maire de la commune, qui contre vents et marées mettra tout en oeuvre pour qu'il sorte de l'oubli et qu'il lui soit enfin rendu hommage, bousculant au besoin les inerties et inscrivant dans la mémoire et dans la pierre le sacrifice de ce pilote Tchèque de 26 Ans .
  Monsieur Serge Forgeot me contactera en Novembre 2007, son propos émouvant et sincère, sa capacité de passer de la parole aux actes en terme de devoir de mémoire amèneront à créer cette page spéciale sur Histavia21 .
  A travers Emil Moravek, c'est à tous les pilotes Tchèques de l'Armée de l'Air, venus se battre sous notre drapeau pour l'honneur et la liberté que nous souhaitons rendre hommage   . 
Emil Moravek mort à 26 ans
    Selon les relevés de l'époque, il est écrit : «  le quinze juin mil neuf cent quarante, dix sept heures, un individu du sexe masculin dont l’identité n’a pu être établie est décédé au lieu-dit : Rouillot, le corps était presque carbonisé, par suite de la chute de l’avion Curtiss, portant le n° 11 sur la queue et piloté par lui.
    Le signalement recueilli quelques heures avant l’accident est le suivant : Paraissait âgé de dix-neuf à vingt ans, taille moyenne, cheveux bruns rasés, tenue d’aviateur, se déclarant d’origine tchécoslovaque. 

   Emil Moravek est né le 8 juin 1914 dans le petit village de Slépotice en Tchécoslovaquie, province de Pardubice, 

non loin de Prague.

    Entré à l'école militaire de Prostejov en 1933, il sera ensuite affecté successivement à l’escadron de chasse n° 1 TG Mazaryk à Prague, puis à l’aéroport de Hradec Kralové, début 1938.

    Comme ses compatriotes, il sera victime des évènements politiques qui vont à jamais marquer son pays.

     L’été 1938 voit les nazis afficher leurs prétentions démesurées sur les territoires des Sudètes. 

       La conférence de Munich du 29 septembre, sans la Russie et la Tchécoslovaquie évincées voit Hitler obtenir sur un plateau les territoires revendiqués par l’ Allemagne… 

       Si à Paris, Daladier est accueilli en héros et comme sauveur de la paix, on pleure de désespoir en Tchécoslovaquie... 

       Le 15 mars 1939, les troupes allemandes envahissent le pays, la Bohême et la Moravie deviennent des protectorats du Reich et la Slovaquie un Etat indépendant, allié de l’Allemagne. 

      La Tchécoslovaquie, qui fût un temps un exemple de démocratie moderne en Europe centrale n’existe plus et se trouve rayée de la carte !

      L’occupation du pays fait d’ Emil Moravek un jeune sous officier retraité d'office, non sans amertume, mais sans doute déterminé plus que jamais.

      Refusant de se soumettre, il décidera de se battre jusqu’au bout, et avec l'aide de l’Union des Aviateurs Tchécoslovaques qui entretient des contacts avec la France depuis la Pologne, la Slovaquie et la Yougoslavie, il partira pour continuer la lutte en été 1939 avec d’autres pilotes. 

      La filière d’évasion vers l’étranger passe par Cracovie en Pologne pour rejoindre le port de Gdynia sur la mer Baltique d’où partent des navires à destination de la France, le 27 juillet 1939, 200 aviateurs tchèques embarquent sur le navire suédois « Castelholm »  pour Calais. 

      Il est fort probable qu’ Emil Moravek ait fait partie de ce groupe ou d’un autre, en empruntant le même chemin.

      A leur arrivée en France, les pilotes n'ont d'autre choix que d'etre incorporés dans la légion étrangère où ils doivent signer un engagement de 5 ans et se retrouver simples soldats, perdant ainsi le bénéfice de leur grade acquis dans l’armée tchèque.

      La majorité d'entre eux étaient officiers ou sous-officiers, la solde octroyée de 5 centimes, très maigre est à hauteur de leur déception. 

      Ils seront quand même promus caporaux-chefs le 1er décembre 1939 et ainsi pourront obtenir une solde de 1,75 Francs. 

      On retrouve cette promotion au cimetière tchèque de La Targette, dans le nord de la France, sur un grand nombre de croix mentionnant :

 « caporal-chef, mort en 1940 »   

      Un bien triste accueil à une bien  triste époque, la France généreuse n’avait pas ou pas pu largement ouvrir ses bras...

      Heureusement pour eux, l’accueil des pilotes français, d'ailleurs respectueux des qualités de leurs nouveaux camarades a toujours été franc et chaleureux.

      Les événements politiques se précipitant, la promesse faite aux pilotes "légionnaires" de les incorporer dans l’armée de l’air française dès la déclaration de guerre sera tenue. 

      Cette décision provoquera on s’en doute une immense joie chez ceux qui n’attendaient plus qu’une chose, combattre le plus vite possible et à tout prix les nazis.

     Emil Moravek sera affecté au C.I.C, centre d’instruction de chasse n° 6 de Chartres le 10 octobre 1939 .

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    Il rejoint le GC 1/8 le 19 mai 1940 et le 3 juin il fait partie des trois derniers pilotes tchèques envoyés en renfort au GC I/5 qui arrivent dans l’après-midi à St Dizier.        

    Les sergents-chef Emil Moravek et Jiri Reznicek sont affectés à la 1ère escadrille, le caporal-chef Zdenek Kothera à la 2ème escadrille.  
    Emil Moravek volera sur Curtiss H-75, son appareil était le H-75 A1 n°57 codé 11 à la 1ère escadrille.
    Placé sous les ordres du Cdt Murtin, il aura l'honneur de combattre aux côtés des plus grands : 
    le Capitaine Alois Vasatko qui mourra en héros en Angleterre le 23 juin 1942 à la tête de son escadrille tchécoslovaque (12 victoires), le lieutenant Marin la Meslèe (16 victoires confirmées en 1939-1940), Le Lieutenant Adolf Vrana (2 victoires), le sous-lieutenant  Marcel Rouquette (8 victoires), le sous-lieutenant Georges Brian arrivé le 10 juin (1 victoire) , le sous-lieutenant Yves le Calvez (3 victoires), le Sergent-Chef Dominique Penzini (9 victoires), le Sergent-Chef Léon Vuillemain (9 victoires), le Sergent Gérard Muselli (6 victoires) …

 

Le GC I/5 dans la tourmente  

    Le 11 juin, le GC 1/5 basé à Saint-Dizier s'accrochera à la ligne de front, devra se replier sur Saint-Parres-les-Vaudes où il s’installera le 12 avant de repartir pour Avallon dans l’ Yonne le jeudi 13 juin, Saint-Dizier étant occupé dès le 14 juin.

    Le samedi 15 juin est un jour des plus noirs pour notre région, vers 6h30 l’ennemi entre à Langres, les troupes qui se replient en désordre au milieu de civils fuyant l’avance allemande scrutent sans cesse le ciel avec beaucoup d’anxiété et de peur .    

     L’aviation allemande semble avoir la maîtrise totale de l'espace aérien : « Mais où sont donc nos avions ? »

    Nous savons aujourd'hui que l’aviation française ne chômait pas et fera face, payant un lourd tribu :

    A Hûmes, le  D.520  du Cdt Pépin du GC II/7 pris en chasse par trois avions allemands s’écrase au sol, le pilote meurt carbonisé.

    Les pilotes du GC 1/5 ne cessent quant à eux d’effectuer des missions de protection au profit des troupes au sol contraintes au repli .

     De 11h30 à 12h30, une patrouille double chargée de la protection d’une mission de reconnaissance sur le secteur Bar-le-Duc & Ste-Ménehould attaque trois Dornier 17 qui entraient dans nos lignes . 

     Sous la conduite du Lt Marin la Meslèe, le combat est mené sans doute en fin de mission pendant vingt minutes et les Dornier finissent par disparaître dans les nuages...

     Abandonnant la poursuite, le Lieutenant Marin-la-Meslée chef de patrouille décide alors de mettre le cap au sud, en direction de Til-Châtel en Côte D'or dans l'espoir de pouvoir y faire les pleins avant que les soutes ne soient détruites.

     Tous n'y parviendront pas, le combat a été rude et les avions ont étés touchés et endommagés par les mitrailleurs allemands.
     Le Capitaine Vasatko se pose à court d'huile à Avallon, tandis que le C/C Reznicek atterrira à Neufchâteau et rejoindra le groupe un peu plus tard ....
     Seul le Curtiss n°57 codé 11 d'Emil Moravek est porté manquant... , 

    Le 17 juin, comme le journal de marche du GC 1/5 l’atteste, ses camarades de combat ignorent toujours où il se trouve et ce qui lui est arrivé ! 

Qu'est il advenu d'Emil Moravek
    Qu’est donc devenu Emil Moravek, son avion a t'il été également touché par les tirs allemands ? …
    Les derniers moments d’Emil Moravek ont pu etre reconstitués grâce à des témoignages recueillis auprès d’anciens du village de Heuilley-Le-Grand  :
    Jean Thirion qui avait écrit son journal, Henri Poinsot, fils de Germain Poinsot qui a vécu le drame en direct, ainsi qu'un certain nombre d’habitants de Corlée, qui dans l'exode s’étaient réfugiés à Heuilley-le-Grand ce jour-là. 
    Le pilote du Curtiss en prenant la direction du sud allait à la  rencontre de son destin et de ceux qui allaient assister à sa mort en direct.  

    Ce matin du 15 juin 1940, Germain Poinsot, agriculteur à Heuilley-le-Grand, mobilisé comme garde-voies et chargé de surveiller le viaduc situé à la ferme de la Chamue, près des villages de Bize et Rougeux, reçoit l’ordre de se replier au plus vite en direction de Longeau pour y rejoindre son unité.

     Chef de groupe, il part donc à vélo en compagnie d’autres soldats, et arrivé à Le Pailly, décide de faire un crochet rapide par Heuilley-le-Grand, en passant par Palaiseul, pour prendre des nouvelles de sa famille et voir ce qui se passait au village. 

    Partis, eux aussi, tôt le matin, une trentaine d’habitants de Corlée, arrivent en vue des premières maisons d’Heuilley-le-Grand, aux alentours de quatorze heures.

     La famille Genevois fait partie du groupe, Roger, âgé de 13 ans, se souvient avoir assisté à un combat aérien entre plusieurs avions, au-dessus d’Heuilley-Cotton.

     Madame Clément et Mr Maurice Théveny ne se souviennent plus, Geneviève Clément se rappelle toutefois avoir entendu Emil Moravek avouer être " allé trop loin..."

        Si combat il y a eu au dessus d’Heuilley-Cotton, Moravek en faisait-il partie ? Rien ne permet de l’affirmer !

       A court de carburant, le sergent-chef Moravek réussit à poser son  H-75 dans un pré, le long du bois, vers la ferme de Rouillot sur le territoire de la commune de Chassigny à l'insu des Allemands partout à l'entour .

        Son avion bien caché par le bois, il effectue à pied les quelques 2,5 km qui le séparent d’Heuilley-le-Grand , mais trouve un village déserté par ses propres habitants, certains sont déjà partis depuis trois ou quatre jours, et les autres ce même 15 juin à l'aube pour se diriger vers la Côte D'or .

        Seules, quelques personnes âgées ou résignées sont terrées chez elles, l'Abbé Pierre Moissonnier âgé de 71 ans, et curé de la paroisse a décidé de partager leur sort.

        Arrivé au bas de la rue de Bain, Emil Moravek rencontre des habitants fuyant le village voisin de Corlée et tente de leur expliquer tant bien que mal, par gestes et en langue étrangère mêlée de mots de français, ce qui venait de lui arriver et qu’il était à la recherche de carburant.

       Comprenant que ces gens ne pouvaient lui etre d'aucun secours, il  remonte le village et se dirige en direction de Palaiseul, bien décidé à continuer sa quête.  

      Heureusement ou malheureusement pour lui, des habitants de Corlée rencontrent l’abbé Moissonnier qui sait où trouver le précieux liquide, plusieurs enfants à vélo, dont Roger Genevois, se lancent à sa poursuite et le rattrapent au lieu-dit « En Rougelot »

      Ils le ramènent au village, du carburant se trouve à la fromagerie disposant d' une réserve destinée à la collecte du lait dans les villages voisins..

      On s’empresse de charger deux bidons de 40 litres d'essence et une pompe dans un tombereau tracté par le cheval de Jean Genevois .

      Toute l'équipe rejoint l’avion, suivis par les enfants à vélo, trop heureux d’être de la partie, Emil semble un peu ennuyé par l’importance de cette troupe, Il craint une attaque allemande et a peur pour les enfants.   

       Le plein est fait, Emil Moravek remercie les villageois adresse un sourire aux enfants et monte dans le cockpit tandis que des hommes lancent l'hélice . 

       L’avion démarre enfin malgré quelques ratés presque de circonstance, Roger Genevois se souvient avoir vu sortir une flamme du moteur.

      Emil Moravek réalise un décollage parfait et l'avion s’élève en direction du village. 

      A 200 ou 300 mètres, les ratés recommencent, se multiplient et brusquement le moteur s’arrête, l’avion tombe alors " comme une feuille morte " comme le décrit  Roger Genevois, au lieu-dit «Rouillot » et s' embrase aussitôt.

     Le capot de l’avion sera retrouvé beaucoup plus loin, intact, les deux autres témoins interrogés confirment la même version des faits, le pilote n’a pu ou n’a pas eu le temps de s’éjecter de l’avion !  

AvionMoravek.JPG (101684 octets)  Dans le brasier, les munitions explosent par intermittence, Roger Genevois restera très marqué par ce drame et passera la première nuit blotti contre son père, sans trouver le sommeil, et il en sera de même pendant plusieurs jours.

    Il nous a fait ce récit plein d’émotion et les larmes aux yeux, encore aujourd'hui, il n’a toujours pas pu oublier !… 

     Le retour en tombereau va s’effectuer très rapidement à cause des explosions et de la présence des enfants traumatisés.

      Germain enfourche son vélo et file en direction de Longeau. Il n’ira pas bien loin, les Allemands l’arrêtent sur le pont du ruisseau situé à l’entrée d’Heuilley-Cotton où s’amoncellent les fusils cassés des soldats faits prisonniers, il restera cinq longues années en captivité en Allemagne, loin des siens…  

      Emil Moravek est-il mort pendant la chute de son avion … ?  après la chute… ? ou au sol, dans l’incendie de son avion…?    

    L’accès à l’appareil sera impossible, un terrain pour permettre l'atterrissage d' avions de liaison est rapidement aménagé par les allemands, non loin de la ferme de Rouillot. Les sentinelles tireront au fusil en direction des gens qui viendront s’aventurer vers l’épave située à proximité de ce terrain provisoire, terrain qui d’ailleurs sera abandonné quelques jours plus tard
    La Kommandantur de Langres refusant toujours d’accorder l’autorisation d’enlever le corps du pilote, la chaleur de juin rendait l’approche du lieu très désagréable.
    Jean Thirion se souvient n’avoir pu passer la charrue dans un champ situé à proximité de l’épave, son cheval refusant d’avancer.       Jean Thirion reste profondément marqué par la vision de ce qui restait du corps du pilote en partie brûlé, il se souvient encore de sa position dans ce qui restait du cockpit : « harnaché, le ventre ouvert, les bras levés en arrière, la langue entre les dents, dans une expression d’un homme souffrant encore, malgré un visage ratatiné et tout noir, comme tout le reste du corps, les pieds et les mains étaient devenus des moignons ».
   Ce n’est qu’une douzaine de jours après le crash, que l’autorisation d’enlever le corps du pilote est enfin accordée. 
   A l’aide d’un drap, Octave Miot, Vincent Aubertot et Jules Desvoyes vont se charger de récupérer ce qui reste d’un corps meurtri, brûlé, décomposé, qui part en lambeaux dès qu’ils le prennent. Les restes sont mis dans un petit cercueil et déposés à l’église.  

    L’enterrement a lieu le dimanche 29 juin après-midi sous la surveillance des allemands, l’Abbé Moissonnier célèbrera l’office du jeune pilote de chasse, alors non identifié au milieu de ses paroissiens.

SERGE Forgeot & Emil MORAVEK
     Enfant, je rêvais de devenir pilote.

     C'était une autre époque, dimanche après la messe, nous avions coutume d’aller nous recueillir sur les tombes de nos parents, Emil reposait tout près des tombes de notre famille. Mon père m’avait raconté son histoire. J’avais remarqué que peu de gens revenus au village s’arrêtaient devant sa tombe. Je trouvais cela injuste, je le sentais bien seul, abandonné et j’avais pris l’habitude de m’y arrêter quelques instants pour me recueillir, comme on nous l’avait appris. 

     En fait, je l’avais un peu adopté comme un membre de ma famille, jusqu’à ce que son corps soit exhumé en Décembre 1963. 

     A Langres pour mes études, je n’avais pu assister à son départ définitif.  

    Toutefois, les habitants d’Heuilley-le-Grand ne vont pas pour autant oublier Emil Moravek, le 24 avril 1948, un crédit spécial de 2300 francs est voté par le conseil municipal  pour l’érection au cimetière d’un monument destiné à l’aviateur tchèque . Le carnet des messes et cérémonies fait apparaître des demandes de messes à dire à la mémoire du pilote tchèque.  sa tombe sera très régulièrement entretenue et fleurie, avec beaucoup d’ affection par Madame Martinak, française d’origine tchèque, qui le considérait un peu comme un fils, des messes seront dites .

       Devenu maire, j’avais pris l’habitude, lors des cérémonies du 11 novembre, d’évoquer son nom, son souvenir, devant le monument aux morts.

       La première fois, j’ai provoqué l’étonnement, la surprise et la curiosité chez les jeunes et les moins jeunes. La plupart ignoraient tout de lui, même son existence.

      Son exhumation pour le cimetière militaire Tchèque de La Targette, près de Lens, sera pour moi sa deuxième mort, encore plus triste et plus terrible, celle de l’oubli !  

     Sa tombe y porte le n° 167, injure de l'histoire, son épitaphe accrochée à sa croix cumule les erreurs :

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     Le prénom s’intitule Vladimir au lieu d’Emil, la date du décès est donnée pour le 17 juin, au lieu du 15 et on le cite comme appartenant au GC 1/8, alors qu'il combattait avec le GC 1/5. Même le grade devrait etre Sergent-chef et non adjudant...    

   Plus de liens avec le village, plus d’identité et plus d'histoire dans ce lointain cimetière tchèque, avec une épitaphe complètement fausse, la coupe était pleine ! 

     L’oubli avait bien fait son travail ! Il fallait donc très rapidement réagir et faire, quelque chose, pour y remédier. 

      Je me suis donc lancé dans de longues recherches historiques pour le connaître, des gens m'ont aidés et ont accueillis mes demandes chaleureusement , qu'ils en soient remerciés, cela m’a beaucoup encouragé à persévérer.

   Si les restes du sergent-chef Emil Moravek ont quitté notre village, le souvenir et son sacrifice resteront à jamais gravés dans la mémoire de nos habitants, de notre commune . 

   La plaque posée au monument aux morts, en son honneur, nous le rappellera sans cesse.

   Il a bien mérité la reconnaissance de la France et il a fait honneur à son Pays. Merci à lui ...

Conclusion
67 ANS !…Il aura fallu 67 ans pour enfin honorer la mémoire d’ Emil Moravek !

 Pourquoi avoir attendu si longtemps ?..

      

     Malheureusement, Emil Moravek n’est pas le seul à être resté dans l’ombre, les hommes n'aiment pas les défaites et leur mémoire deviens sélective, les manuels d’histoire ne s’attardent guère sur cette période de la Campagne de France et mettent injustement de côté l'héroïsme dont ont fait preuve certains de nos soldats ..

      Alors que les dirigeants de l'époque avaient abandonné son pays aux nazis, Emil n’a pas hésité un seul instant à quitter sa famille et son pays déchiré, pour venir nous rejoindre et continuer la lutte et au final perdre sa vie ...  

       Frantisek Chabera, ancien pilote Tchèque de la "Campagne de France" dressera un certain bilan :

      Sur les 123 pilotes de chasse tchécoslovaques dans les escadrilles françaises, 19 sont tombés et 8 ont disparu en mission de guerre.
      Les aviateurs tchécoslovaques ont abattu sur le front français 158 avions ennemis et lancé 8 500 kg de bombes. 
      Ils ont rapporté de la bataille de France : 7 rubans de la légion d'honneur, 5 médailles militaires, 81 croix de guerre »... 
      Pour résumer : 1 pilote sur 8 était tchèque
      Pendant la deuxième guerre mondiale, 560 aviateurs tchécoslovaques sont tombés au champ d’honneur sur les différents théâtres d’opérations...
      En quittant la Tchécoslovaquie, tous ces pilotes savaient ce qu’ils risquaient en cas de capture. 

      Devenus des sujets du protectorat allemand, ils passaient directement entre les mains de la Gestapo pou etre traduits devant un tribunal spécial qui prononçait la peine de mort ou la déportation  . 

      Leurs familles étaient déportées dans un camp situé en Moravie, ainsi l’épouse du Lt Perina passera toute la durée de la guerre dans les geôles nazies… 
      Malgré cela, ils nous rejoindrons pour continuer le combat ! 
      Le calvaire de nos pilotes tchèques ne s’est pas achevé avec la victoire alliée, mais s' est poursuivi après la guerre, beaucoup d’entre eux se sont vus reprocher d’avoir combattu à l’Ouest par le régime communiste installé en 1948.
      Ainsi, Frantisek Chabera, qui avait combattu dans la RAF, puis avec l'URSS, est prié de quitter l'Armée de l'Air en raison de son passé au sein de la RAF. 
     Les époux Périna émigreront aux États-Unis pour fuir cette répression et ne regagneront le pays natal qu’en 1991, soit 2 ans après la chute du régime totalitaire.
    Pourtant, Frantisek Périna avait totalisé 14 victoires et était considéré comme un héros de la deuxième guerre mondiale dans son pays et en Europe !
    Emil Moravek n'a pas eu le temps de connaître la victoire finale, la mort l'a fauché en pleine jeunesse, elle lui a toutefois très certainement évité de subir une dernière humiliation, la pire, celle d'être rejeté par son Pays, un Pays qu'il a toujours aimé et qu’il a toujours voulu défendre ! En même temps, elle l’a fait entrer dans l'histoire de notre pays, dans l'histoire du village français d' Heuilley-Le Grand et dans notre cœur ...

          
  N'oubliez Jamais ...

 

          
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Remerciements Chaleureux d'Histavia21 à Mr Serge Forgeot Maire d'Heuilley-Le-Grand, cette page est la sienne .
Remerciements associés avec Mr Forgeot à  Mr Jean-Marie Chirol (+), Mr Lionel Persyn, Mr Jean-Vincent Jourd’heuil, Mr Jacques Bralé, au Colonel Dutailly, à Jiri Rajlich, au musée historique Ustav de Prague et à tous les personnels de l'Armée de l'Air sans qui rien n'eut été possible.

 

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